
A.C.C. – Vous avez fait des études d’astronomie à l’université de Yonsei… Finalement qu’est-ce qui vous a motivé à devenir réalisateur ?
PARK Hung-sik. – Durant mes études universitaires, je faisais partie d’un club de théâtre dans lequel j’assurais le double rôle d’acteur et de metteur en scène. Cette activité théâtrale m’a séduit par son charme magique, car elle me donnait la possibilité de communiquer avec les autres sur le plan de la sensibilité. Je pense que le désir d’envoûter les spectateurs comme par magie au moyen de mes oeuvres m’a poussé au cinéma.
A.C.C. – Pouvez-vous nous raconter vos débuts ainsi que votre parcours en tant que réalisateur ?
P.H. – Indépendamment de ma spécialité dans mes études universitaires, je n’ai pas assez travaillé mes matières principales. En conséquence, je n’ai pas eu de bons résultats, ce qui n’a pas facilité mes recherches d’emploi. Était-ce de la chance ou de la malchance ? Je me pose encore cette question aujourd’hui. Toujours est-il que j’ai eu l’opportunité d’entrer dans une école publique de cinéma, « Korean Academy of Film Arts » où j’ai reçu, à titre gratuit, l’enseignement sur le cinéma pendant un an, au cours duquel j’ai aussi pu réaliser des courts métrages. Contre toute attente, le film réalisé comme travail de validation de la formation a rencontré le succès. C’est là que j’ai commencé à avoir confiance en mes compétences. Par la suite, j’ai travaillé en tant qu’assistant de metteur en scène pour deux films du réalisateur PARK Kwangsoo et en tant qu’assistant-réalisateur pour le film Noël en août du réalisateur HOE Jin-ho. Après 6 ans de travail comme assistant, j’ai vraiment débuté au cinéma avec la réalisation du film I Wish I had a Wife en 2001.
A.C.C. – Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ces 6 années ?
P.H. – Je n’ai pas d’histoires intéressantes ou particulières à raconter sur cette période. Je peux simplement dire que durant ces années, mes revenus étaient dérisoires. Croyez-moi ou non, mais je n’ai même pas gagné 8 000 euros pendant ces 6 ans. À mon avis, il n’existe pas de réalisateurs coréens qui fassent ce métier pour gagner de l’argent.
A.C.C. – Quels sont vos réalisateurs coréens ou étrangers préférés ? Pourquoi ?
P.H. – J’aime Hirokazu Kore-Eda, réalisateur de Nobody Knows. Quand je regarde ses films, je ressens une douleur et une tristesse poignantes, comme si mon coeur se déchirait. J’admire son univers cinématographique qui fait ressortir à la surface les sentiments de façon naturelle, sans contrainte.
A.C.C. – Quels sont vos trois films préférés et pourquoi ?
Comme je viens de l’expliquer, Nobody Knows de Hirokazu Kore-Eda Ma vie de chien de Lasse Hallström qui a exprimé les douleurs de l’enfance sur un registre humoristique. Il Postino (Le facteur) de Michael Radford qui y a exprimé, sur un mode lyrique, la sensibilité d’un facteur ordinaire mais autrement plus éminent qu’un poète.
A.C.C. – Qu’est-ce qu’un bon réalisateur ?
P.H. – Une personne qui a une grande compréhension de la nature humaine, quelqu’un qui s’exprime avec sincérité et authenticité, qui transmet par écho ce qui se passe dans le coeur de l’homme.
A.C.C. – Comment avez-vous réalisé votre premier long métrage « I Wish I had a Wife » ?
P.H. – Dans le film Amarcord de Federico Fellini, un fou du village grimpe sur un arbre et crie : « Moi aussi, j’aimerais avoir une femme ! » Ce passage m’a tellement plu que j’en ai fait le titre de mon premier film. À cette époque, j’étais encore célibataire – depuis, je suis marié – on se moque encore de moi, en disant que j’ai fait une proposition de mariage à une femme avec ce film. Mon épouse travaille avec moi dans le cinéma. D’ailleurs, c’est elle qui a été éditrice pour le film Bravo, my Life.
A.C.C. – Quels commentaires pouvezvous nous faire sur la réalisation de My Mother, the Mermaid ?
P.H. – Ce film est comme un cadeau que je fais à ma mère. Le prénom « Yeonsoon » (celui de la mère) est d’ailleurs authentique puisqu’il s’agit de son prénom.
Avec ce film, j’ai voulu rendre hommage à ma mère pour qui la vie a été un combat perpétuel. Bien qu’elle n’ait pas été plongeuse, elle a dû comme la plupart des femmes coréennes faire preuve d’une grande force face aux difficultés inhérentes à la vie.
J’ai voulu lui rendre, ne serait-ce que pour un court instant, la belle image d’elle que le temps a emportée.
A.C.C. – Quelle est la raison du choix de l’île de Jeju pour le lieu de tournage ?
P.H. – La plupart des plongeuses de cette île ont plus de 60 ans. Les jeunes femmes ne veulent pas faire ce métier. Les vieilles femmes ou grands-mères de l’île se transforment en jeunes femmes dès l’instant qu’elles pénètrent sous l’eau, portant leur combinaison noire et leurs lunettes de plongée. Pendant qu’elles nagent, personne ne devine qu’elles sont âgées. C’est comme si ces vieilles femmes remontaient dans le temps, en retrouvant leur jeunesse d’antan. Ces braves femmes âgées sont l’exemple même de la vitalité.
De nos jours, c’est à Jeju qu’il y a le plus grand nombre de plongeuses, et cette île sud-coréenne est un site très particulier qui répond à l’image d’un lieu plein de fantaisies pour servir de cadre pour les films…
A.C.C. – Comment s’est déroulé le casting ?
P.H. – Lors de l’écriture de l’oeuvre, se dessinent naturellement les grandes lignes du casting. De plus, si le script est bon, les acteurs candidats se bousculent pour jouer.
A.C.C. – Quel est le sujet de votre prochain film ?
P.H. – Je suis en préparation d’un film d’arts martiaux intitulé Femmes chevaleresques . En ce moment, je travaille sur le script. Ce sera un film d’action dans lequel apparaîtront trois belles guerrières en guise de personnages principaux.
Propos recueillis par
Kyu-young Beaumont